Le jour où le monde s’est arrêté
Il serait bien prétentieux de penser que parce-que le monde des hommes s’arrête, la planète cesse de tourner. Le monde tel que nous le connaissons, celui qui vénère la croissance économique, qui vit de voyages, d’avions en hôtels, et d’hôtels en avions, de banques en bourse, et de réseau social en réseau social, qui s’est coupé de la terre pour vivre virtuellement, s’est progressivement éteint. Contagion. Contagion de la maladie, puis contagion de la peur, et enfin contagion du confinement et de l’inertie. L’incertitude du lendemain, le rappel implacable de la condition humaine. Dire que ce siècle nous avait presque fait croire à notre immortalité, avait effacé les distances et décuplé la quantité de nos rapports sociaux, réels ou virtuels. D’un seul coup, nous revoici encastrés dans nos frontières et nos murs, séparés de nos proches, impuissants, forcés au minimalisme et à la consommation locale, effrayés par l’inconnu et l’incontrôlable. Quel immense rappel, quel drame humain, et en même temps quelle chance incroyable pour l’humanité d’avoir ainsi été prévenue avant qu’il ne soit trop tard… …