Puisqu’en ce moment, nous parlons Route de la Soie et tissus imprimés, nous devons parler de cet imprimé caractéristique qui a longtemps été l’un des symboles des villes de Bukhara et Samarqand en Ouzbekistan, mais aussi de Kashgar en Chine occidentale. Plus que cela, ces imprimés continuent à influencer les imprimés des collections de tissu en Asie du Sud et du Sud-Est, comme une trace du passé…
Initialement, le mot Ikat vient d’Indonésie « attacher, nouer », où il existe une forte culture de cette pratique. Ce mode de tissage et de teinture est également fortement pratiqué en Inde et au Japon notamment, mais également en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Cette appellation vient du fait que les fils sont teints avant d’être tissés. On fait des noeuds aux endroit qui doivent rester incolores pour que la teinture ne les atteigne pas, avant de plonger le tissu dans la teinture. Les couleurs sont apposées à intervalles précis, de sorte qu’au moment du tissage, les motifs apparaissent par la juxtaposition des parties colorées du fil.
Les imprimés Ikat sur soie d’Ouzbékistan ont ce caractère inimitable… Toujours renouvelés, par leurs couleurs et leurs motifs. On ne sait pas exactement quand cette méthode de tissage et de teinture est apparue dans le pays, mais il est certain qu’au 17ème siècle, les robes en ikat étaient portées par les nobles et les familles royales, et étaient l’étendard de leur richesse et de leur position. Il était utilisé comme cadeau pour récompenser des services ou sceller des alliances. Après 1860, avec les russes, l’ikat de soie est devenu un produit de luxe, mais non politisé. Avec la révolution soviétique, l’ikat a été reconnu comme partie intégrante de la culture ouzbek, mais sa pratique a été réglementée et institutionnalisée : tout le monde devait pouvoir porter ces étoffes. Dans le cadre de la soviétisation de l’économie, la production des ikats est passée des ateliers gérés par certaines familles depuis des générations à des usines organisées en coopératives. De même leur commercialisation a quitté les bazaars pour se faire à partir de magasins gérés par le gouvernement. Les colorants chimiques ont remplacé les colorants naturels, et on a commencé à élever les cocons de soie dans des coopératives.
Mais depuis l’indépendance en 1991, les usines soviétiques ont peu à peu fermé, et les anciennes familles spécialisées dans cet art ont repris le flambeau, revenant peu à peu aux méthodes traditionnelles. L’ikat recommence à jouer son rôle social : il est devenu une partie intégrante du trousseau des jeunes mariées, et retrouve sa place dans les tenues des femmes des familles aisées…
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Merci Marie pour votre retour, en espérant continuer à vous faire découvrir de belles choses…