Mode éthique, minimalisme, mode responsable, écologie et zéro déchet… Autant de mots qui pèsent lors de l’achat de nos vêtements. Lors d’un sondage sur instagram la semaine dernière pour savoir si vous faisiez attention aux matières des vêtements que vous achetez, vous avez été une majorité à nous répondre que oui, mais en même temps à nous exprimer le sentiment d’être un peu perdues face au défi d’une consommation de vêtements plus responsable. D’où l’idée d’une série d’article sur le blog pour vous aider à y voir plus clair. Nous sommes en pleine période de soldes, et c’est le moment de réfléchir pour acheter mieux et plus consciemment.
Nous vous parlerons des matières et des conditions de production dans l’industrie textile dans de prochains articles, mais il nous semblait important de commencer par le commencement, à savoir redéfinir les termes. On entend parler de fast fashion, et à l’inverse, il est parfois difficile de savoir exactement ce qu’on entend par mode éthique, et vers où se tourner pour acheter des vêtements de manière plus responsable et durable.
Tout d’abord, une petite vidéo pour résumer les dégâts de la consommation de vêtements, et la définition de la fast fashion :
En gros, la fast fashion, c’est de la mode jetable. Des grandes marques qui, pour produire moins cher, produisent en énormes quantités et donc doivent sortir des nouveautés en permanence, sans suivre les traditionnelles périodes de sorties de collections. La qualité ne suit pas forcément puisque le vêtement est destiné à être gardé peu de temps pour pouvoir laisser place à d’autres nouveautés. Pour écouler leurs stocks, elles doivent pousser le consommateur à l’achat au maximum, et l’inciter à renouveler son vestiaire régulièrement. En découle une consommation de vêtements qui n’a jamais été aussi forte. Les dégâts causés par la fast fashion sont nombreux : agriculture intensive aux pesticides, ultra-polluante, ultra-nocive pour les ouvriers agricoles et très exigeante en eau. Pour ce qui est des matières synthétiques, pollution de l’eau par le lavage en machine et les micro-particules chimiques qui se dégagent du vêtement, pollution par incinération des vêtements non vendus et de ces déchets non biodégradables rarement recyclés. Viennent ensuite les dégâts humains : pression intense sur des travailleurs payés de moins en moins cher par les marques dont la course au profit accroît la concurrence du marché, conditions de travail inhumaines, mises en danger, travail des enfants, etc.
L’événement de trop, celui qui a entraîné des réactions mondiales et notamment l’initiative de la fashion revolution, mouvement de sensibilisation à la mode responsable, c’est le drame du Rana Plaza au Bangladesh, en avril 2013. Un bâtiment abritant plusieurs usines textiles qui produisaient à bas coût pour de grandes marques internationales dont notamment Mango, Primark et Benetton s’écroule, faisant 1137 morts, et plus de 2000 blessés, dont beaucoup de personnes amputées qui ne seront plus jamais capable de travailler. Le scandale met en lumière aux yeux du monde entier les dérives de la fast fashion et ses conséquences humaines dramatiques. On se rend compte des dégâts causés par cette industrie, mais aussi de la responsabilité de chacun : le consommateur est aussi acteur du marché et de cet engrenage en choisissant de consommer de la fast fashion et donc d’alimenter ce circuit. Rien ne sera plus comme avant, et on ne peut plus faire comme si nous ne savions pas.
Très bien, maintenant que nous savons, il ne s’agit pas de nous culpabiliser, mais de réfléchir à des alternatives pour rendre notre dressing plus propre et plus respectueux, et de commencer à opérer un virage vers une consommation responsable et bénéfique. Mais qu’entend-on exactement par « mode éthique » ?

©Anna Kvach – 123RF
On peut répertorier plusieurs critères qui font d’une marque une marque de mode responsable. De l’ensemble des critères mis en avant par la marque découlent normalement une démarche éthique globale, qui s’inscrit dans un cercle vertueux de transparence et d’exigence au niveau de toute la chaîne de production. Dans tous les cas, le droit social, les bonnes conditions de travail, la protection de l’environnement et l’action solidaire sont la priorité :
- La transparence : aujourd’hui, le consommateur a le droit de s’interroger, de poser des questions, de savoir d’où vient le vêtement qu’il porte et comment il a été fabriqué. La transparence des marques sur ce point est donc une responsabilité, pour toutes les étapes de fabrication du vêtement, de la culture des plantes qui ont donné le tissu, à l’assemblage des pièces. La chaîne de production d’un vêtement implique de multiples acteurs, on parle ici de « traçabilité ».
- L’impact écologique : les marques utilisent de nouveaux procédés, plus respectueux de l’environnement et qui réduisent les déchets : culture bio, réduction de la consommation d’énergie et de l’empreinte carbone, lutte contre le gaspillage, revalorisation par l’upcycling ou le seconde main, bannissement de la production de fibres synthétiques issues du pétrole et recyclage de celles déjà produites, utilisation de matières naturelles produites durablement et sans agriculture intensive, etc. De même, on lutte contre l’utilisation des animaux et l’élevage de masse en choisissant des matières végan, grâce aux alternatives innovantes qui voient le jour pour remplacer les matières d’origine animale (cuir, laine, soie, etc.)
- L’impact social : on prend en compte les conditions de travail des acteurs de la chaîne et on leur assure une rémunération décente, notamment par le commerce équitable. Par cela, on préserve également les savoir-faire traditionnels. On privilégie de nouveaux mode d’organisation (économie sociale et solidaire), qui placent non plus le profit, mais l’humain au centre de l’activité. De même, l’économie collaborative privilégie le partage des ressources, des moyens, des outils, des espaces et des savoir-faire, et profite à tous.
- Circuit-court et local : un vêtement de la fast fashion traverse plusieurs pays avant d’arriver en boutique, de la production du tissu à l’assemblage du vêtement, et entraîne donc une pollution insensée, mais aussi des injustices économiques et une perte des savoir-faire dans certains pays. La mode éthique privilégie donc le made in France, ou la production locale dans un seul pays, inscrite dans une démarche qui a du sens, et non pas pour produire moins cher. Tout cela limite l’empreinte carbone et favorise les emplois locaux.
- Savoir-faire et qualité : pour rompre l’engrenage de la fast fashion qui produit en masse dans des conditions industrielles, on revient aux savoir-faire traditionnels qui sont ainsi préservés et remis en valeur, on redonne sa vraie valeur au vêtement en lui accordant du temps et une confection dans les règles de l’art, qui reprend tout son sens. On reprend contact avec le créateur, avec l’artisan qui a façonné la pièce, et l’humain et les relations de proximité sont replacés au cœur de la démarche. Le vêtement reprend de la valeur et de la qualité aux yeux du consommateur qui comprend l’ensemble de la démarche de fabrication et s’inscrit dans l’action globale. Il réapprend à choisir un vêtement qui va durer, accorde de l’importance à la matière et aux finitions, et choisit son dressing avec soin…
Alors oui, c’est beaucoup d’informations d’un coup, et la transition se fera à votre rythme, mais avec la satisfaction d’être un acteur responsable et d’avoir un impact positif par la façon de vous habiller ! Dans le prochain article, nous parlerons des matières pour vous aider à mieux les choisir et les différencier. N’hésitez pas à nous parler de votre démarche et à partager avec nous vos astuces pour une transition vers un dressing plus responsable !