Tous les articles taggés : Afghanistan

Le jour d’après…

Peu de mot pour décrire l’horreur à l’extrême, pour raconter, pour expliquer ce mélange d’émotions, entre douleur, dégoût, peur, tristesse, lassitude, mais honte aussi… Depuis hier sur les réseaux sociaux pakistanais, on peut lire cette phrase : « les plus petits cercueils sont les plus lourds », ou cette expression pashtoune : « quand ton enfant meurt, tu l’enterres dans ton coeur, il ne meurt vraiment que le jour où toi tu meurs », ou encore ce poème en ourdou : « Maman mon uniforme s’est tâché, ne me gronde pas, Maman mon uniforme s’est teinté de rouge, ne pleure pas », et aussi cet écran noir, qui exprime plus que les mots que l’on ne trouve plus, et enfin toute cette colère, ces cris de désespoir d’un peuple qui s’efforce chaque fois de faire difficilement, courageusement, un pas en avant, pour qu’on le ramène systématiquement dix pas en arrière. Les larmes de la douleur d’avoir dû enterrer ses frères et soeurs coulent encore, mais l’on doit déjà crier au monde que non, nous ne sommes pas eux, il y a un autre Pakistan, d’autres …

Voyage en zones tribales #2

Lors de la première partie de notre voyage en zones tribales, c’est un tableau peu attrayant que nous vous avons dressé, entre drones américains, catastrophes climatiques et terrorisme. Aujourd’hui nous oublions cette triste réalité, car malgré tout, on continue de vivre dans cette partie du Pakistan à la frontière de l’Afghanistan. De plus, c’est dans cette région reculée et mal connue que nous avons choisi de planter le décor de la première collection de Gulshaan, que vous découvrirez bientôt. Nous continuons aujourd’hui notre voyage, en vous parlant du trésor de cette partie du monde : les pierres. Et si il y en a une qui est l’emblème de l’Afghanistan et du nord du Pakistan, c’est bien le lapis lazuli. Cette pierre bleu nuit aux éclats or et blanc aléatoires, que les hommes portent fièrement montée sur de grosses bagues en argent, et que l’on retrouve dans tous les bijoux des femmes, des bijoux de tête aux bracelets de cheville. Autres pierres très présentes mais moins emblématiques : corail, malachite, turquoises, etc. Ces bijoux, pièces uniques …

Gulshaan est né…

Gulshaan est né dans les odeurs de poussière et de feu de bois, là où l’adhan réveille les villes endormies, où les aigles et les cerfs volants se côtoient dans le ciel, où les camions sont aussi colorés que les vêtements des femmes, comme pour cacher une autre misère, là où l’on ne plaisante ni avec l’honneur, ni avec les liens du sang, où la vie ne s’arrête jamais, comme dans un bouillonnement permanent, où les toits des maisons sont le spectacle de tous les secrets… Mais Gulshaan est né aussi en France, dans les rues de la capitale et de sa banlieue, dans la réalité des villes d’ici, des femmes d’ici. C’est le mélange de ces deux univers qui s’est imposé dans une recherche de plus de couleurs, de motifs, d’originalité et de matières non-synthétiques. Une touche d’ailleurs dans une réalité bien d’ici. Le parfum d’ailleurs de Gulshaan, c’est un peu comme quand au détour d’une rue, par surprise, une odeur nous surprend et nous rappelle un horizon lointain que l’on a un jour …

Petit retour aux sources…

Vous nous suivez depuis de longs mois déjà, et nous vous remercions pour votre présence, votre soutien, vos commentaires d’encouragement qui nous sont tellement importants et précieux… L’ouverture de la boutique arrive à grands pas, et un petit retour aux sources s’impose pour la petite équipe Gulshaan, qui prend son envol pour le Pakistan, avant de vous revenir dans deux semaines et vous inonder d’images nouvelles… Nous ne serons donc pas en mesure de répondre à vos mails ou vos messages pendant les deux semaines à venir, merci de votre compréhension. Et un petit proverbe pakistanais s’impose ici : celui qui n’a pas vu Lahore n’est pas encore né…

Un parfum d’autre chose…

Le temps s’est rafraîchi, les premières feuilles sont tombées. C’est la fin de quelque chose, le début d’autre chose. Chez Gulshaan, le décor de la première collection s’installe doucement, et peut-être que vous avez senti ce changement d’ambiance, cette entrée dans une saison nouvelle, dans de nouveaux lieux. Peut-être que vous avez senti un vent d’Himalaya pénétrer chez vous, et que vous devinez déjà des couleurs et un parfum particuliers, faits de fleurs sauvages et d’horizons lointains, mais pourtant si proches, d’une pointe de traditionnel mélangée à du résolument moderne. Le 17 octobre, nous vous avions promis sur la page de vous dévoiler le nom de la collection, mais nous vous laissons encore un peu dans l’attente, le temps de vous acclimater. Ce que l’on peut vous dire, c’est que chez Gulshaan, vous trouverez de quoi passer l’hiver chaudement, autant en matières qu’en couleurs, de manière ethnique et élégante. Dans un prochain article, nous vous en dirons un peu plus sur les accessoires qui accompagneront vos tenues Gulshaan, et nous continuerons le voyage que nous …

Voyage en zones tribales #1

Nous commençons aujourd’hui un voyage qui nous tenait à cœur. Pourquoi ce voyage, parce que c’est précisément dans ces endroits préservés que se situe le coeur de Gulshaan, c’est de ces territoires vrais, à l’identité forte, que nous puisons notre inspiration, loin du côté paillettes et bollywood dont on a parfois l’image quand on parle de vêtements ou de bijoux pakistanais et afghans, ce qui serait complètement erroné. Nous vous emmenons en territoire pashtoune, le pays des hommes durs comme leurs montagnes, où l’honneur est le plus grand trésor que l’on puisse posséder. Un trésor fragile et impalpable, car il ne se perd qu’une seule fois. Les pashtounes ne sont ni pakistanais, ni afghans, ils sont pashtounes, et n’ont jamais reconnu la frontière tracée par les britanniques, qui espéraient ainsi diviser leurs tribus invincibles, et la passe de Khyber qui sépare les deux pays est traversée quotidiennement dans un sens comme dans l’autre. Il existe encore peu de peuples sur terre, au vingt-et-unième siècle, qui aient su préserver aussi bien leur authenticité, et qui restent aussi …

La petite fille de la vallée de Swat

Le prix Nobel de la Paix 2014 a cette semaine été décerné à Malala Yousafzai (Malalai en pashto), qui en devient, à seulement 17 ans, la plus jeune lauréate. Malala écrivait clandestinement un blog pour la BBC en ourdou, témoignage quotidien d’une jeune fille de la vallée de Swat vivant sous l’occupation des Taliban et luttant pour continuer à étudier. C’est ce qui avait conduit à son agression par les Taliban dans car scolaire il y a deux ans, et elle avait miraculeusement survécu à une balle dans la tête. Depuis, Malala est devenue un symbole dans le monde, mais surtout avant tout dans son propre pays, le Pakistan. Malala est jeune, et forcément politisée et instrumentalisée, et c’est ce qui lui est souvent reproché au Pakistan, où l’on s’afflige de ne voir parler que de Malala à l’étranger, alors que l’on omet de mentionner les bombardements des drones américains sur le sol pakistanais. Nombreux sont ceux à l’étranger, des associations féministes aux islamophobes, qui cherchent à tirer parti de ce qu’elle représente désormais : …

Canne à sucre, trucks, et ganne ka juice…

Point de shalwar kameez ni de robes longues aujourd’hui sur le blog, par contre nous continuons à vous faire voyager. Si nous avions déjà parlé de la culture du coton, parce qu’elle est liée à l’activité de Gulshaan, nous ne pouvons continuer à évoquer le Pakistan et sa région sans parler de la canne à sucre. Sa culture est omniprésente, avec celle du riz et du coton entre autres, et ses grandes tiges épaisses s’élèvent sous le soleil pendant plusieurs mois de l’année. Puis vient l’heure de la récolte, et les campagnes du pays entier semblent entrer en ébullition : les champs sont emplis de familles entières de faucheurs, travaillant sans relâche, et on croise sur la route d’étranges camions à la largeur excessive, impossible à dépasser sur les petites routes… Et puis surtout, partout, on voit les gens un bâton de canne à sucre à la main qui, avec ces gestes si caractéristiques, arrachent l’écorce de leurs dents avant d’aspirer le jus qu’elle contient… Sur les routes, on voit les enfants courir derrière les camions …

Ramadhan is coming…

Un invité tant attendu s’apprête à faire son entrée. Partout dans le monde, dans quelques jours, les musulmans observeront le jeûne prescrit. Il y a comme un vent de fête qui flotte un peu partout… Il arrive… Au Pakistan, en Afghanistan comme ailleurs, les familles se préparent, et les mosquées ont revêtu leurs plus belles couleurs et leurs lumières les plus éclatantes. Ce Ramadan sera rude, il tombe en plein été, et le thermomètre monte à plus de 50°C dans de nombreux endroits, alors que de nombreuses familles n’ont pas l’électricité, et que pour celles qui l’ont, les coupures sont fréquentes. Au Nord Waziristan, c’est dans la peur des attaques de drones américains que les habitants devront une nouvelle fois vivre ce mois béni. N’oublions pas que pour certains, l’arrivée de ce mois est parfois source d’angoisse, de peur de ne pas pouvoir l’honorer de la meilleure façon en nourrissant suffisamment sa famille. Malheureusement, même avec toutes les bonnes intentions, passer ce mois dans la joie de l’adoration n’est pas toujours une évidence. Mais au delà …

La voix des oubliés

Gulshaan, vous l’aurez compris, n’est pas seulement un jardin de roses tranquille où l’on papote futilités, c’est aussi un moyen de s’ouvrir sur des endroits que le monde a voulu oublier, parce qu’ils ne correspondaient pas à ses nouvelles valeurs de modernité. En 2010, le monde a fermé les yeux sur les inondations au Pakistan, qui ont fait plus de victimes que le tsunami, alors que juste avant, il s’était rué sur les dons aux haïtiens endeuillés. On oublie les victimes musulmanes du Kashmir indien, les meurtres et les viols, parce que l’Inde est aux yeux des occidentaux cet idéal d’ouverture et de spiritualité exotique. Cette semaine, alors qu’une coulée de boue a fait des dizaines de victimes en Afghanistan, les journalistes ont omis de nommer l’endroit, il a fallu aller fouiller sur internet pour apprendre que cela avait eu lieu dans la province du Badakhshan. Et qui parle des attaques de drones au Waziristan ? Qui transmet au monde le fait que le Pakistan soit bombardé par les Etats Unis depuis 2004, et que …